Etre chiante c'est tout un art. Je ne pense pas que cela ne consiste qu'en vouloir faire son intéressante en étant jamais d'accord. Etre chiante c'est toujours remettre en question, toujours vouloir voir plus loin que ce qu'on veut bien nous montrer, vouloir lire entre les lignes même quand il n'y a rien à lire, être chiante, c'est aller au bout des choses. Etre chiante ce n'est pas une position qu'on choisit parmi d'autres,être chiante c'est avoir du courage, être chiante c'est la conséquence de l'intolérance de la majorité: on se dresse contre ceux qui voudraient qu'on soit des béni-oui-oui, qu'on soit tous pareil, qu'on se laisse porter par la vague alors que nous on veut rester là ou aller ailleurs toute seule (on s'en fiche on aime bien être toute seule, on s'habitue quand on est chiante).
Alors parfois on peut être chiante et être dans son droit parce-qu'on a raison de penser ce qu'on pense, mais parfois, et là, on est pas une vraie chiante, on est juste une nana qui dit n'importe quoi (enfin, c'est n'importe quoi si on ne rejoint aucun des deux points de vue concernés, et d'ailleurs comme c'est soit noir soit blanc,la chiante est donc chez les gris ) bref , on ferait aussi mieux d'apprendre à la boucler.. hum hum à bonnes entendeuSES, salut.. (je devrais pas plutôt écrire "liseuses"?)
Je pense que j'ai toujours été chiante. J'ai un esprit de contradiction assez "épicé" (je ne sais pas quel autre mot utiliser à part celui-ci). J'aime ce que le commun des mortels rejette, "J'aime qui m'éblouit puis qui accentue l'obscur à l'intérieur de moi" (René Char)
Cette phrase me trotte dans la tête depuis des années, je la trouve d'une justesse perturbante. Perturbante vu que c'est quand même à se demander si il n'y pas un truc qui cloche chez moi. Mais c'est exactement moi. Je n'aime pas, ne déteste pas, ne rejette pas tout ce que la plupart des gens aime, déteste et rejette. J'aime contredire, parce-que je veux absolument démonter l'autre, trouver une faille à son raisonnement, et être la responsable de son questionnement intérieur, j'aime troubler les gens.
Et puis, ça me pousse toujours à réfléchir plus, et j'apprends des choses sur moi que je n'aurais même pas soupçonnées. Parfois, même quand je suis d'accord, le fait de voir s'exprimer un avis si arrêté sur un point, sur les choses, m'exaspère donc juste pour faire chier, le mot est dit, juste pour faire chier, je me sens obligée de reprendre les arguments opposés parce-qu'il faut savoir se mettre à la place des autres, si des gens, ont un style différent, une manière de penser différente, ressentent un mal-être, ou bien ont des réactions disproportionnées ce n'est quand même pas sans raisons.. On peut avoir son avis, mais on doit comprendre, ou au moins essayer de comprendre celui des autres.
Aux collets montés, aux pète secs, aux casses-hum, aux conformistes, aux consensuels, aux abstinents, aux pyrrhoniens,et autres, sachez que ce cher René Char disait aussi que "ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience."
Alors souffrez notre propension la réplique.